Celane veut pas dire pour autant que ce soit du rĂ©el. Le terme mĂȘme dâaxiomeque Lacan emploie concernant le fantasme, indique bien quâil le place dans un systĂšme logique, et confirme que lâobjet est dans la dĂ©pendance de lâarticulation signifiante. Câest pourquoi lâobjet a en tant que semblant, a sa place entre le symbolique et le rĂ©el. Câest une consistance logique qui
Enceinte AnnĂ©es 1970. Soudain, les femmes revendiquaient autre chose qu'ĂȘtre mĂšre ... Les femmes devenaient des ĂȘtres de dĂ©sir . Au mĂȘme titre que les hommes. Des ĂȘtres de dĂ©sir Freud avait parlĂ© de ce "continent noir". Lacan dira que la Femme n'existe pas , au sens d'une catĂ©gorie. "Un enfant si je veux, quand je veux" . Et c'est tout Ă coup le dĂ©sir d'enfant qui se repositionnait. Plus du tout au niveau de la norme, mais cette fois au niveau de l'inconscient et de l'histoire de chacune. Car faire un enfant, ça engage bien sĂ»r notre corps , mais pas seulement. Alors quand ça rĂ©siste, quand ça ne marche pas, c'est bien ce corps que l'on interroge, et la mĂ©decine qui rĂ©pond. Mais quand aucune cause organique n'explique la stĂ©rilitĂ© , certains en appellent Ă la psychanalyse . Alors pourquoi le dĂ©sir d'enfant peut-il devenir problĂ©matique ? Qu'est-ce qu'une femme ou un homme attend d'un enfant ? Et quelles sont les coordonnĂ©es inconscientes de ce dĂ©sir ? Et que rĂ©pond à ça, la psychanalyse ? Notre psychanalyste Colette Chouraqui-SepelColette Chouraqui-Sepel estpsychiatre etpsychanalyste . Sur le divan GĂ©rard GarousteGĂ©rard Garouste est artiste peintre et sculpteur . Suite Ă des Ă©pisodes de dĂ©mence il a fait 20 ans d'analyse et de suivi psychiatrique . Il nous raconte son entrĂ©e dans ce qu'il appelle lui-mĂȘme la folie . Moi, le premier dĂ©lire que j'ai eu, c'est quand ma femme s'est retrouvĂ©e enceinte. Je n'assumais pas d'ĂȘtre un pĂšre de famille. Donc Ă cette responsabilitĂ© de pĂšre de famille, j'ai prĂ©fĂ©rĂ© la fuite dans le dĂ©lire. Voici la version longue de son entretien avec nous Sur le divan GĂ©rard Garouste 13 min France Inter Les libres associations Les libres associations - Le dĂ©sir d'enfant 2 min France Inter Jean-Luc GODARD, Une femme est une femme , 1961 Hannah ARENDT, Condition de l'homme moderne , 1958 Claude François, prĂ©sentation de DaniĂšle Gilbert, archive 23 avril 1977 Monique BYDLOWSKI, La dette de vie , 1997 Brigitte, Je veux un enfant , 2011__ Sigmund FREUD,La fĂ©minitĂ© , 1936 Extrait de L'histoire en direct , "24 fĂ©vrier 1982, la naissance d'Amandine", 1992 Nancy HUSTON, DĂ©sirs et rĂ©alitĂ©s , 2001 Lucien NEUWIRTH, extrait de L'histoire en direct , "Novembre 1974, l'avortement en question", 1988 Donald WINICOTT, Le bĂ©bĂ© et sa mĂšre , "Le dĂ©but de l'individu", 1966 Didier SUPER,Les enfants faut les brĂ»ler , 2008 Sigmund FREUD, Psychanalyse et thĂ©orie de la libido , 1923 EvĂ©nements liĂ©s"En chemin" exposition de GĂ©rard Garouste, "l'intranquille", Ă la Fondation Maeght, Ă Saint-Paul de Vence Alpes-Maritimes Les liensHymne du MLF
LedĂ©sir et le deuil. Pour Hamlet, le rendez-vous est toujours trop tĂŽt, et il le retarde, quand il agit, câest toujours avec prĂ©cipitation. Pour Lacan, devrions-nous dire. Car si effectivement il se prĂ©cipite sur quelque chose qui remue derriĂšre la tapisserie, câest pour que son plan nâĂ©choue pas.
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s La religion serait, aux yeux de la psychanalyse, une nĂ©vrose obsessionnelle. Les Ă©crits de Freud touchant Ă la religion, de Totem et tabou Ă LâAvenir dâune illusion, alimentent cette vulgate. On peut nĂ©anmoins sâinterroger sur le sort que Freud rĂ©serve, dans MoĂŻse et le monothĂ©isme, Ă ses coreligionnaires juifs persĂ©cutĂ©s par les nazis le testament » du fondateur de la psychanalyse Ă lâĂ©gard du judaĂŻsme est plus ouvert quâon ne croit. De plus, on ne sâest guĂšre avisĂ© du fait que la qualification de nĂ©vrose ne constitue en rien une dĂ©finition. Quand Freud cherche Ă donner quelque chose de tel, il sâappuie volontiers sur lâĂ©tymologie et sur les significations souvent contradictoires que celle-ci livre. La mĂȘme dĂ©marche peut ĂȘtre tentĂ©e Ă propos de la religion, qui nâest pas seulement rassemblement sous un principe mais aussi Ćuvre de lecture, comme lâillustre la promesse faite Ă Abraham, le pĂšre des religions du Livre. Viewed by psychoanalysis, religion should be an obsessive neurosis. Freudâs writings on religion, from Totem and Taboo » to The Future of an Illusion » sustain that common view. One may all the same question the place that Freud in Moses and Monotheism » gives to his fellow Jews per-secuted by the nazis the testament » of the founder of psychoanalysis concerning Judaism is more open-minded than is usually believed. Moreover little attention has been paid to the fact that calling religion a neurosis is by no means a definition. When Freud attempts to give something like a definition, he usually starts with the etymology and with the often contradictory meanings that science provides. The same approach may be tried about religion, which not only a gathering of people following the same principle, but also the practice of reading, as is illustrated by the promise made to Abraham, the father of the religions of the de page EntrĂ©es d'index Haut de page Texte intĂ©gral 1Quand on demande Ă quelquâun qui sâintĂ©resse Ă la psychanalyse ce quâil pense de la religion, il est courant de lâentendre Ă©voquer la nĂ©vrose, les foules conventionnelles et les liens libidinaux qui en assurent la cohĂ©sion. Quand on cherche ensuite Ă faire prĂ©ciser ce que reprĂ©sente le terme de nĂ©vrose, la rĂ©ponse est tout aussi rebattue. Elle en appelle Ă la maladie, voire Ă lâanomalie psychique. Et celles-ci renvoient Ă la compĂ©tence du psychanalyste, du coup promu officier de santĂ© mentale et rectificateur des errements du dĂ©sir. On trouve dans lâĆuvre de Freud les Ă©lĂ©ments qui nourrissent une telle vulgate. Cette version consacrĂ©e permet de sâen tenir aux idĂ©es reçues et dâignorer une recherche qui sâĂ©tend sur plus dâun demi-siĂšcle. Une rĂ©flexion rigoureuse portant sur la conception freudienne de la religion exige en revanche de lire le maĂźtre de prĂšs afin de dĂ©gager de ses Ă©crits les consĂ©quences quâils impliquent. 2Une telle exigence relĂšve de la morale Ă©lĂ©mentaire, Ă laquelle je souscris. Je dĂ©velopperai mon parcours en deux temps. AprĂšs avoir exposĂ© la façon dont Freud approche le fait religieux Ă partir de son expĂ©rience clinique et des apports de lâethnologie et de lâhistoire, je pointerai, dans le discours freudien, les remarques qui permettent dâintroduire la problĂ©matique de la lecture Ćuvrant dans la religion et dans la rĂ©flexion menĂ©e Ă son propos. I. La construction de Totem et tabou 1 S. Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », LâAvenir dâune illusion, Paris, PUF, 1971, p. ... 2 Ibid. 3 Ibid., 4 S. Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es », 1948, p. 76. 5 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 86. 6 Ibid., p. 90. 3DĂšs 1907, un Ă©crit intitulĂ© Actes obsĂ©dants et exercices religieux rĂ©vĂšle lâintĂ©rĂȘt portĂ© par Freud Ă la religion. Lâauteur ouvre son propos par cette phrase Je ne suis certes pas le premier quâait frappĂ© la ressemblance qui existe entre les actes obsĂ©dants des nĂ©vrosĂ©s et les exercices par lesquels le croyant tĂ©moigne de sa piĂ©tĂ©1 ». La suite de lâarticle multiplie les exemples qui montrent la ressemblance entre pensĂ©es, reprĂ©sentations ou impulsions obsĂ©dantes, caractĂ©ristiques de la nĂ©vrose obsessionnelle2 » et les actes sacrĂ©s du rite religieux3 ». Ă cette Ă©poque Freud reste modĂ©rĂ©. Il ne dĂ©clare pas encore que la religion nâest quâune nĂ©vrose de lâhumanitĂ©4 ». Il se contente de comparer la nĂ©vrose obsessionnelle Ă une caricature mi-comique, mi-lamentable dâune religion privĂ©e5 » qui demeure sous lâemprise dâun sentiment de culpabilitĂ© [lequel] prend sa source dans certains processus psychiques prĂ©coces6 ». 7 Ibid., p. 92. 8 Ibid., p. 93. 9 Ibid., p. 94. 4On retiendra ici lâinsistance du psychanalyste sur lâĂ©conomie du sentiment ou de lâaffect dont lâorigine nâest pas encore prĂ©cisĂ©e. Et quand il invoque lâangoisse expectante7 » du religieux craignant les chĂątiments divins, il se contente de souligner les concordances » et les analogies » qui lui permettent de concevoir la nĂ©vrose obsessionnelle comme constituant un pendant pathologique de la formation des religions8 ». Il qualifie ainsi la nĂ©vrose de religiositĂ© individuelle [et] la religion de nĂ©vrose obsessionnelle universelle9 ». On notera enfin, pour y revenir plus loin, que Freud se borne pour lâinstant Ă rĂ©coler et Ă dĂ©crire les actes et les pensĂ©es obsĂ©dants sans avancer de vĂ©ritable dĂ©finition qui rendrait compte de la nĂ©vrose obsessionnelle - et donc implicitement de la religion. Il lui faudra mener Ă bien lâentreprise dĂ©veloppĂ©e dans Totem et tabou pour asseoir dĂ©finitivement sa conception du religieux. Celle-ci, en effet, ne variera plus jusquâen 1939, annĂ©e de la publication intĂ©grale du MoĂŻse et le monothĂ©isme et de la disparition de lâinventeur de la psychanalyse. 10 S. Freud, Totem et tabou, Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1965, p. 162. 5Avec Totem et tabou, Freud ancre sa rĂ©flexion autour de la notion de tabou afin de justifier lâapport de la psychanalyse Ă lâethnologie et dâexpliquer lâuniversalitĂ© de lâinterdit de lâinceste. Cette notion lui permet de faire le lien entre lâarticle de 1907 et sa position dĂ©finitive de 1912 qui centre sa conception de la nĂ©vrose et de la religion autour de la problĂ©matique paternelle, elle-mĂȘme liĂ©e Ă la question du totem. La dĂ©monstration du psychanalyste suit un parcours rigoureux. On peut le rĂ©sumer de la façon suivante le tabou de lâinceste rapportĂ© par lâethnologie renvoie lui-mĂȘme Ă un interdit qui semble caractĂ©riser toutes les structures sociales observĂ©es. Pour faire concorder psychanalyse et ethnologie et ainsi garantir le sĂ©rieux de son hypothĂšse, Freud a recours aux thĂ©ories de Darwin et Ă la notion dâ un pĂšre violent, jaloux, gardant pour lui toutes les femelles et chassant ses fils Ă mesure quâils grandissent10 ». Ă partir de ce postulat darwinien, il Ă©labore, Ă la maniĂšre de Platon, un mythe explicatif. 11 Ibid.,p. 163. 12 Ibid. 6Ce mythe fait Ă©tat du meurtre dâun pĂšre primitif, corrĂ©latif de la premiĂšre organisation sociale et cause constitutive de la civilisation. Rappelons Ă ce titre ces pages cĂ©lĂšbres de lâouvrage Lâorganisation la plus primitive que nous connaissions et qui existe encore actuellement chez certaines tribus consiste en associations dâhommes jouissant de droits Ă©gaux et soumis aux limitations du systĂšme totĂ©mique, y compris lâhĂ©rĂ©ditĂ© en ligne maternelle. Cette organisation a-t-elle pu provenir de celle que postule lâhypothĂšse darwinienne ? et par quel moyen a-t-elle Ă©tĂ© obtenue ?11 » La rĂ©ponse est connue qui conte le meurtre du pĂšre, suivi de sa dĂ©voration, par des frĂšres rassemblĂ©s dans la haine Un jour, les frĂšres chassĂ©s se sont rĂ©unis, ont tuĂ© et mangĂ© le pĂšre, ce qui a mis fin Ă lâexistence de la horde paternelle. Une fois rĂ©unis, ils sont devenus entreprenants et ont pu rĂ©aliser ce que chacun dâeux, pris individuellement, aurait Ă©tĂ© incapable de faire12 ». La dĂ©voration rĂ©alise lâidentification au pĂšre sur le mode de lâincorporation orale. Elle permet ainsi Ă chacun de sâapproprier la force et le pouvoir paternels. 7Mais lâĂ©criture du mythe ne peut sâarrĂȘter lĂ sans faire Ă©tat de lâarticulation du dĂ©sir et de la loi qui, seule, permet de rendre compte de la survie dâune sociĂ©tĂ© de frĂšres, comme de la naissance de la civilisation et de la religion. Cette construction introduit donc, outre la notion dâambivalence, celle de culpabilitĂ© qui, ensemble, expliquent lâexaltation du pĂšre et sa divinisation par les frĂšres repentants 13 Ibid., p. 164. Il suffit, dit Freud, dâadmettre que la bande fraternelle, en Ă©tat de rĂ©bellion, Ă©tait animĂ©e Ă lâĂ©gard du pĂšre des sentiments contradictoires qui, dâaprĂšs ce que nous savons, forment le contenu ambivalent du complexe paternel chez chacun de nos enfants et de nos nĂ©vrosĂ©s. Ils haĂŻssaient le pĂšre [...], mais tout en le haĂŻssant, ils lâaimaient et lâadmiraient. AprĂšs lâavoir supprimĂ©, aprĂšs avoir assouvi leur haine et rĂ©alisĂ© leur identification avec lui, ils ont dĂ» se livrer Ă des manifestations affectives dâune tendresse exagĂ©rĂ©e. Ils le firent sous la forme du repentir [...]. Le mort devenait plus puissant quâil ne lâavait jamais Ă©tĂ© de son vivant13. 8Le pĂšre devint Dieu et la loi avec lui. La religion put dĂ©sormais exercer son empire avec lâaide de la morale... et du bras sĂ©culier quand cela fut possible. 9Pour rendre compte de lâarticulation de la loi et du dĂ©sir, Freud Ă©met une nouvelle hypothĂšse 14 Ibid., p. 165. Si les frĂšres Ă©taient associĂ©s, tant quâil sâagissait de supprimer le pĂšre, ils devenaient rivaux, dĂšs quâil sâagissait de sâemparer des femmes. Chacun aurait voulu, Ă lâexemple du pĂšre, les avoir toutes Ă lui, et la lutte gĂ©nĂ©rale qui en serait rĂ©sultĂ©e aurait amenĂ© la ruine de la sociĂ©tĂ©. [..] Aussi les frĂšres, sâils voulaient vivre ensemble, nâavaient-ils quâun seul parti Ă prendre aprĂšs avoir, peut-ĂȘtre, surmontĂ© de graves discordes, instituer lâinterdiction de lâinceste, par laquelle ils renonçaient tous Ă la possession des femmes convoitĂ©es, alors que câĂ©tait principalement pour sâassurer cette position quâils avaient tuĂ© le pĂšre14. 10La boucle est bouclĂ©e. Les sentiments obsĂ©dants et lâambivalence qui les caractĂ©rise se retrouvent dĂ©placĂ©s sur lâinterdit de lâinceste, incarnĂ© dans un tabou qui nâappelle ni raison ni conscience morale. Son dĂ©cret tombe du ciel oĂč rĂšgne un pĂšre divinisĂ©, tout puissant, prĂȘt Ă se venger de la moindre incartade de ses fils, mais aussi toujours disposĂ© Ă leur garantir une vie Ă©ternelle quand leurs vertus ont accumulĂ© les mĂ©rites suffisants pour amadouer le monstre sacrĂ©. 11La religion disposera dâun avenir radieux ; elle rĂšgnera sur un monde humain en proie au ressentiment et Ă lâobĂ©issance haineuse, tant que le mythe religieux gardera, au dĂ©triment de la science, son pouvoir de sĂ©duction. LâhumanitĂ© vivra Ă cĂŽtĂ© de la rĂ©alitĂ© et de la vĂ©ritĂ©. Victime de la passion, elle sera dirigĂ©e par des clercs qui ne connaissent que leur pouvoir et se moquent de la raison et de sa voix fragile. 15 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 49. 16 Ibid., p. 39. 17 Freud, Totem et tabou, p. 179. 12Alors se lĂšve lâhumaniste dĂ©cidĂ© Ă dĂ©fendre urbi et orbi les valeurs de la civilisation contre les illusions [des] doctrines religieuses15 ». Celles-ci vĂ©hiculent des idĂ©es qui se cristallisent en des dogmes » invĂ©rifiables par des preuves scientifiques. Ă ces dogmes qui sont tous des absurditĂ©s16 », Freud oppose une thĂ©orie fondĂ©e sur lâobservation clinique que tout thĂ©rapeute peut confirmer. Et pour en signifier lâorigine, il substitue aux mythes religieux un mythe scientifique qui sâinscrit dans le complexe dâĆdipe oĂč lâon trouve les commencements Ă la fois de la religion, de la morale, de la sociĂ©tĂ© et de lâart, et cela en pleine conformitĂ© avec les donnĂ©es de la psychanalyse qui voit dans ce complexe le noyau de toutes les nĂ©vroses, pour autant que nous ayons rĂ©ussi jusquâĂ prĂ©sent Ă pĂ©nĂ©trer leur nature17 ». 18 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 44. 13LâAvenir dâune illusion, publiĂ© quinze ans plus tard, ravive la querelle et dĂ©clenche, au moins parmi les responsables religieux, un nouvel Ă©moi et une polĂ©mique non moins vĂ©hĂ©mente. Lâopuscule de Freud nâa pourtant rien Ă voir avec une pasquinade voire avec un pamphlet. Lâauteur, sĂ©duit comme la plupart des savants de son temps par lâefficace de la science, cherche Ă remettre la religion Ă sa place. Câest une illusion, dĂ©clare-t-il, et ce qui caractĂ©rise lâillusion, câest dâĂȘtre dĂ©rivĂ©e des dĂ©sirs humains18 ». La religion diffĂšre de lâerreur en ce sens quâelle renonce Ă ĂȘtre confirmĂ©e par le rĂ©el, câest-Ă -dire par les moyens de la science qui fait appel Ă lâobservation et au raisonnement. 19 S. Freud , Malaise dans la civilisation », Revue française de psychanalyse, Paris, PUF, XXXIV, ja ... 14Le positivisme scientiste professĂ© par le Viennois ne sâaccompagne pourtant pas dâun optimisme bĂ©at. La psychanalyse pour laquelle il revendique la scientificitĂ© que lui refusera, plus tard, Karl Popper, lui aura en effet permis de mettre au jour les ressorts cachĂ©s de lâĂąme humaine vouĂ©e Ă lâagressivitĂ© Lâhomme est, en effet, tentĂ© de satisfaire son besoin dâagression aux dĂ©pens de son prochain, dâexploiter son travail sans dĂ©dommagement, de lâutiliser sexuellement sans son consentement, de sâapproprier ses biens, de lâhumilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer »19. ConfrontĂ© Ă la fĂ©rocitĂ© et Ă la dĂ©tresse de son semblable, Freud stigmatise dans lâAvenir dâune illusion puis, trois ans plus tard, dans Malaise dans la civilisation, lâimpuissance de la religion Ă offrir une quelconque amĂ©lioration de la condition humaine. La morale fondĂ©e sur la crainte peut Ă la rigueur brider le mal qui sommeille en chacun, mais elle demeure incapable de domestiquer ce loup toujours prĂȘt Ă tuer. En agitant ses origines divines, la morale fondĂ©e sur la religion peut aussi accomplir son Ćuvre de rĂ©pression sans changer pour autant la nature psychologique de celui que lâon civilise, autrement dit, quâon dresse. 20 Voir ibid., p. 77. 21 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 29. 22 Ibid.,p. 70. 23 Ibid., p. 77. 24 Ibid.,p. 78. 25 Freud, Malaise dans la civilisation », p. 79. 26 Ibid. 15La civilisation a quand mĂȘme du bon20. Elle permet de lutter contre les souffrances engendrĂ©es par la suprĂ©matie de la nature21 ». Elle humanise cette nature et transmet le patrimoine culturel amassĂ© de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations. Elle garde les acquis de la raison. Et parmi ceux-ci, il y a la psychanalyse qui apprend Ă lâhomme Ă sâaccepter tel quâil est, rĂ©duit Ă ses propres forces [et tenu de] sâen servir comme il convient22 ». Les seules divinitĂ©s qui se partagent le panthĂ©on freudien sâappellent logos et anankĂš23. Et si celle-ci impose raison et nĂ©cessitĂ© venant de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure, celui-lĂ nâest peut-ĂȘtre pas trĂšs puissant24 », mais il prĂ©side au travail scientifique, lequel est susceptible de mieux tenir ses promesses que ne le fait la religion. Cela dit, Freud se garde bien dâĂ©mettre quelque avis dĂ©finitif sur la civilisation Pour diffĂ©rentes raisons, tout jugement de valeur sur la civilisation humaine est bien loin de ma pensĂ©e25 », parce que tous les jugements de valeur portĂ©s par les hommes leur sont indiscutablement inspirĂ©s par leur dĂ©sir de bonheur, et quâils constituent ainsi une tentative dâĂ©tayer dâarguments leurs illusions26 ». II. Le testament de MoĂŻse et le monothĂ©isme 27 D. Bakan, Freud et la mystique juive,Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1977, 119. 28 M. Schur, La Mort dans la vie de Freud, Paris, Gallimard, 1975, p. 555. 29 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 119. 16On achĂšvera ce rappel de la conception freudienne de la religion en reprenant quelques pages de MoĂŻse et le monothĂ©isme. Cet ouvrage est curieux. Autant Totem et tabou se distingue par lâĂ©lĂ©gance et la puissance de sa construction, autant le dernier livre de Freud apparaĂźt comme un essai fait de piĂšces et de morceaux, dĂ©roulant une sĂ©rie dâhypothĂšses qui ne semblent pas manifester la rigueur chĂšre Ă son auteur. David Bakan avoue Ă ce propos que certains des disciples de Freud ont essayĂ© de le rejeter ; dâautres le considĂšrent comme une production de vieillard et suggĂšrent que la meilleure façon de respecter le gĂ©nie de Freud est dâignorer cette Ćuvre27 ». Une telle opinion ne tient pas compte, entre autres, du tĂ©moignage de Max Schur28. Le mĂ©decin de Freud reconnaĂźt les points faibles de la construction de son ami. Ainsi dĂ©nonce-t-il la notion de traces archaĂŻques hĂ©rĂ©ditaires auxquelles Freud fait appel pour justifier la transmission de lâexpĂ©rience collective au sujet. Il ne remet pas en question pour autant les hypothĂšses exĂ©gĂ©tiques douteuses qui Ă©maillent lâouvrage. Bakan Ă©voque, lui, lâhypothĂšse dâun livre Ă double sens29 » Ă©crit selon les procĂ©dĂ©s de la Kabbale dont Freud aurait subi lâinfluence par le biais de ses parents, marquĂ©s, lâun et lâautre, par la tradition hassidique. 30 Ibid.,p. 47. 17On nâexposera pas ici la thĂšse dĂ©veloppĂ©e par David Bakan autour du courant mystique qui aurait mis fin au pouvoir des seuls rabbins, et ouvert le judaĂŻsme Ă la modernitĂ© occidentale. On soulignera en revanche le propos de LĂ©o Strauss rapportĂ© par lâauteur, selon lequel il existerait dans la pensĂ©e juive une tradition forgĂ©e pendant lâĂ©preuve de la persĂ©cution, de sâexprimer par Ă©crit dâune façon voilĂ©e30 ». On sait que lâĂ©criture de MoĂŻse et le monothĂ©isme a pour toile de fond la persĂ©cution anti-juive dont lâhistoire reconnaĂźt le caractĂšre exclusif. 31 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 7. 32 Ibid. 33 Ibid., p. 94. 34 Ibid., p. 80. 18La premiĂšre phrase de lâessai donne sa dimension tragique Ă lâensemble de lâouvrage DĂ©possĂ©der un peuple de lâhomme quâil cĂ©lĂšbre comme le plus grand de ses fils est une tĂąche sans agrĂ©ment que lâon nâaccomplit pas dâun cĆur lĂ©ger31 ». La question se pose alors de savoir pourquoi Ă©crire un livre qui fait mal et qui dĂ©possĂšde ses compatriotes dâun hĂ©ros tutĂ©laire. La phrase qui suit donne la rĂ©ponse Toutefois aucune considĂ©ration ne saurait mâinduire Ă nĂ©gliger la vĂ©ritĂ© au nom dâun prĂ©tendu intĂ©rĂȘt national32 ». La vĂ©ritĂ© est donc lâenjeu de lâentreprise. Lâ idĂ©al de vĂ©ritĂ© objective des hisÂtoriens33 » doit prĂ©sider Ă une dĂ©marche qui sâoppose au nationalisme. Et Freud connaĂźt parfaitement lâintĂ©rĂȘt national des nazis et lâantisĂ©mitisme fou de lâauteur de Mein Kampf. La vĂ©ritĂ© est donc liĂ©e au rĂ©el, câest-Ă -dire Ă lâĂ©criture de lâhistoire. Mais Freud sait aussi que le rĂ©el est toujours dĂ©jĂ interprĂ©tĂ©, et que la lecture interprĂ©tante est celle dâun sujet, lui-mĂȘme touchĂ© par ce rĂ©el. Car, selon lui, les phĂ©nomĂšnes psychiques tirent leur caractĂšre obsĂ©dant [de] la part de vĂ©ritĂ© historique quâils contiennent34 ». Le travail du psychanalyste consiste donc Ă jeter un pont entre lâĂ©coute clinique et le rĂ©el de lâĂ©vĂ©nement historique. Câest pourquoi Freud ne renoncera jamais vraiment Ă lâopinion qui dĂ©fend lâhĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis. 35 Ibid., p. 144 s. 36 Ibid., p. 116. 37 Ibid.,p. 117. 38 Ibid. 39 Ibid.,p. 119. 40 Ibid., p. 120. 19Quel que soit le caractĂšre kabbalistique confĂ©rĂ© Ă lâouvrage, on retiendra que son auteur, comme il lâaffirme, ne retire rien de ce quâil a avancĂ© dans Totem et tabou. Et pourtant il opĂšre un glissement qui dĂ©place le rĂŽle du pĂšre sur le fils. Ce nâest plus un PĂšre-Dieu qui est tuĂ©, mais MoĂŻse, lieutenant du PĂšre. En tant que grand frĂšre, le Grand Homme, crĂ©ateur des juifs35, suscite la haine de la fratrie. Il sera assassinĂ©, non sans avoir rĂ©alisĂ© son Ćuvre de lĂ©gislateur et imposĂ© le monothĂ©isme du pharaon hĂ©rĂ©tique Akhenaton. Freud interprĂšte lâinstauration du monothĂ©isme comme le retour de la religion du pĂšre primitif36 ». AprĂšs une pĂ©riode de latence indĂ©finie, un juif romain, Paul de Tarse, sâempare du sentiment de culpabilitĂ© fourrĂ© dans lâinconscient juif et le ramĂšne trĂšs justement Ă sa source prĂ©historique, en lui donnant le nom de pĂ©chĂ© originel un crime avait Ă©tĂ© commis envers Dieu et la mort seule pouvait le racheter37 ». Poussant plus loin, Freud affirme Toutefois, il ne fut nullement question de ce meurtre, mais seulement du fantasme de son expiation, et câest pourquoi ce fantasme put ĂȘtre saluĂ© comme un message de dĂ©livrance Ăvangile. Un fils de Dieu, innocent de toute faute, sâĂ©tait sacrifiĂ©, avait pris Ă son compte la culpabilitĂ© de tous. Il fallait bien que ce fĂ»t un fils, puisque le meurtre avait eu un pĂšre pour victime38 ». Et le psychanalyste conclut Le judaĂŻsme avait Ă©tĂ© la religion du pĂšre, le christianisme devint la religion du fils. Lâancien Dieu, le Dieu-pĂšre, passa au second plan ; le Christ, son fils, prit sa place, comme aurait voulu le faire, Ă une Ă©poque rĂ©volue, chacun des fils rĂ©voltĂ©s. Paul, le continuateur du judaĂŻsme, fut aussi son destructeur39 ». MoĂŻse assassinĂ© avait Ă©tĂ© le substitut du pĂšre40 » et le Christ, substitut de MoĂŻse, rĂ©alise, selon Paul, le judaĂŻsme, en faisant du Dieu national protecteur exclusif de son peuple Ă©lu, un Dieu universel sans image, sans matĂ©rialitĂ© et sans choix prĂ©fĂ©rentiel. 41 Schur, La Mort dans la vie de Freud, p. 554. 42 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 77. 43 Ibid.,p. 75. 44 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 61. 20On comprend que ce dĂ©piautage du judaĂŻsme, puis du christianisme, ne soit pas du goĂ»t de tout le monde. Que MoĂŻse soit considĂ©rĂ© comme un goy cynique, utilisant la condition prĂ©caire des juifs en Ăgypte pour rĂ©cupĂ©rer un pouvoir perdu avec le retour dâAmon, ne peut quâenfermer dans le dĂ©sespoir leurs descendants persĂ©cutĂ©s par les nazis. Freud se doute bien que la publication de son essai pourrait aussi affecter les relations avec une Ăglise catholique omniprĂ©sente. Il sait que lâinfluence dâun certain PĂšre Schmidt sur la hiĂ©rarchie pourrait entraĂźner des reprĂ©sailles41 allant jusquâĂ interdire lâexercice de la psychanalyse42 » en Autriche. Pourquoi alors, aprĂšs beaucoup dâhĂ©sitations, dĂ©cide-t-il de publier la partie conclusive de lâouvrage ? Parce quâil est mĂ», dit-il, par lâaudace de celui qui nâa plus grand-chose ou plus rien du tout Ă perdre43 ». La rĂ©ponse semble rapide de la part dâun savant qui a toujours revendiquĂ© sa judaĂŻtĂ© » et qui passa toute sa vie [...] dans un monde composĂ© presque exclusivement de Juifs44 ». Nâayant plus rien Ă perdre, se dĂ©solidariserait-il de ses compatriotes ? On suggĂšrera une rĂ©ponse plus loin. 45 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 75. 46 Ibid.,p. 76. 47 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 149-150. 48 Ibid.,p. 151. 49 Ibid.,p. 152. 50 Ibid. 51 Ibid., p. 154. 21Cela dit, une nouvelle question surgit bientĂŽt autour de lâidĂ©e de sublimation. Le psychanalyste Ă©voque dĂ©jĂ dans VAvenir dâune illusion le devenir pulsionnel et la possible Ă©puration » de la religion. Ă un contradicteur virtuel45 qui avance cet argument, il rĂ©pond quâil nây est pas insensible tout en affirmant que les illusions religieuses [demeurent] impossibles Ă corriger46 », car elles possĂšdent un caractĂšre dĂ©lirant. Dans MoĂŻse et le monothĂ©isme, pourtant, il admet chez les juifs certaines dispositions psychiques [aidant] Ă supporter les inconvĂ©nients de la religion mosaĂŻque dans le seul dessein dâĂȘtre le peuple Ă©lu de Dieu47 ». Et quelles sont les consĂ©quences de cette religion ? Freud en note trois. La premiĂšre est dâavoir donnĂ© aux Juifs une idĂ©e plus grandiose de la divinitĂ©48 ». La seconde consiste Ă interdire de se faire une image de Dieu49 », en dâautres termes, Ă mettre Ă lâarriĂšre-plan [...] la perception sensorielle par rapport Ă lâidĂ©e abstraite50 ». La troisiĂšme a trait Ă la reconnaissance de lâexistence de forces âspirituellesâ, câest-Ă -dire de forces que les sens, et singuliĂšrement la vue, ne peuvent saisir51 ». 22Ces trois consĂ©quences lui permettent dâamener une conclusion qui ne semble pas avoir Ă©tĂ© exploitĂ©e par les anthropologues, les thĂ©ologiens ou les moralistes soucieux dâarticuler la doctrine psychanalytique et la thĂ©ologie, eu Ă©gard aux rapports de la fonction paternelle avec lâĂcriture. Voici la conclusion de Freud 52 Ibid., p. 154-155. Nous savons que MoĂŻse inculqua aux Juifs la fiertĂ© de se croire un peuple Ă©lu ; grĂące Ă la dĂ©matĂ©rialisation de Dieu, un nouveau joyau sâajouta encore au trĂ©sor secret de ce peuple. Les Juifs continuĂšrent Ă sâintĂ©resser aux choses spirituelles, les malheurs politiques de leur nation leur apprirent Ă apprĂ©cier Ă sa juste valeur le seul bien qui leur restĂąt leurs documents Ă©crits. ImmĂ©diatement aprĂšs la destruction par Titus du temple de JĂ©rusalem, le rabbin Jochanaan ben Sakkai demanda lâautorisation dâouvrir Ă JahnĂ© la premiĂšre Ă©cole consacrĂ©e Ă lâĂ©tude de la Thora. DĂ©sormais ce furent les Livres SacrĂ©s et leur Ă©tude qui empĂȘchĂšrent ce peuple dispersĂ© de se dĂ©sagrĂ©ger52. 53 K. Stern, La TroisiĂšme RĂ©volution. Essai sur la psychanalyse et la religion, Paris, Ăd. du Seuil, 1 ... 54 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 76. Nous soulignons. 55 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 83. 56 Voir GOUX, Les Iconoclastes, Paris, Ăd. du Seuil, 1978. 23Une telle affirmation modifie lâabord de la question religieuse pratiquĂ© aprĂšs Freud. Karl Stern53 dĂ©nonce Ă ce propos le rĂ©ductionnisme de la formule ne que » employĂ©e par les disciples, mais que lâon trouve dĂ©jĂ , on lâa soulignĂ©, sous la plume du maĂźtre de Vienne Nos recherches nous amĂšnent Ă conclure que la religion nâest quâune nĂ©vrose de lâhumanitĂ©54 ». RĂ©duire la religion Ă un certain nombre de phĂ©nomĂšnes psychiques morbides55 », qui tiennent lieu de dĂ©finition, semble rĂ©vĂ©ler une hĂąte qui ne relĂšve pas de la neutralitĂ© propre Ă la mĂ©thode scientifique. On peut dĂšs lors se poser la question des raisons qui ont poussĂ© Freud Ă pourchasser la religion et Ă en dĂ©noncer, trente ans durant, le caractĂšre nĂ©vrotique. Le souci de vĂ©ritĂ© en est une, qui vitupĂšre le mensonge millĂ©naire colportĂ© par les clercs. LâantisĂ©mitisme ambiant en est certainement une autre, lequel voit la trĂšs catholique Autriche sĂ©duite par les pompes hitlĂ©riennes. Une exigence morale sans concession apparaĂźt, elle aussi, comme une des raisons permettant dâinvoquer la rigueur scientifique, faute de pouvoir dĂ©montrer lâexactitude de la doctrine. Toutes ces raisons ont Ă©tĂ© invoquĂ©es pour expliquer le radicalisme de Freud, sans compter celle qui consiste Ă dĂ©noncer les rapports nĂ©vrotiques du psychanalyse avec son pĂšre Jakob. Bakan, enfin, propose une interprĂ©tation reprise par Jean-Joseph Goux56 selon laquelle Freud aurait voulu protĂ©ger les siens de la rivalitĂ© mortifĂšre des nazis en faisant du peuple allemand le dĂ©positaire dâune Ă©lection usurpĂ©e par les juifs Ă la suite de MoĂŻse. Cette interprĂ©tation pourrait rĂ©pondre Ă la question posĂ©e plus haut Ă propos de la solidaritĂ© de Freud avec le destin du peuple juif. 24Il reste cependant Ă dĂ©velopper une problĂ©matique qui a trait Ă la dĂ©finition mĂȘme de la religion et au ne que » qui lâaccompagne. Il est quand mĂȘme curieux que la plupart des psychanalystes qui ont suivi Freud nâaient pas cherchĂ© du cĂŽtĂ© de lâĂ©tymologie pour dĂ©finir le mot religion ». InstallĂ© dans les catĂ©gories du mĂ©dical ou du mĂ©dicinal, Freud lui-mĂȘme reste fixĂ© Ă une construction Ă©laborĂ©e une fois pour toutes dans Totem et tabou. Il offre pourtant au lecteur de MoĂŻse et le monothĂ©isme la possibilitĂ© de dĂ©velopper une autre intelligence de la religion. Celle-ci introduit la problĂ©matique de la lecture et de lâĂ©criture en lien avec la fonction paternelle. Cette possibilitĂ© vaut la peine dâĂȘtre ici dĂ©veloppĂ©e. III. La promesse de la lettre 57 S. Freud, Essai de psychanalyse appliquĂ©e, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es »,1933, p. 174. 25Quand Freud cherche Ă Ă©tablir avec exactitude la signification dâun mot dĂ©signant un concept, il ne manque pas de chercher Ă cerner lâĂ©tymon de ce terme. La dĂ©finition de das Unheimliche en français lâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ© est Ă cet Ă©gard exemplaire. LâenquĂȘte quâil mĂšne se conclut par cette phrase Ainsi âheimlichâ est un mot dont le sens se dĂ©veloppe vers une ambivalence, jusquâĂ ce quâenfin il se rencontre avec son contraire âunheimlichâ57 ». Il ne semble pas avoir cherchĂ© Ă faire le mĂȘme parcours pour le mot religion » Religion en allemand. Le recours Ă lâĂ©tymologie lui aurait pourtant offert, au mot religion », une signification ne relevant pas de la seule psychopathologie. Le Dictionnaire historique de la langue française reprend les deux significations attribuĂ©es au latin religio pour affirmer que lâĂ©tymologie est controversĂ©e depuis lâAntiquitĂ© 58 A. Rey dir., Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992 ... Ă la suite de Lactance, de Tertullien, les auteurs chrĂ©tiens se plaisent Ă rattacher religio au verbe religare relier », de re [...] Ă valeur intensive et de ligare lier ». La religion ayant pour objet les relations que lâon entretient avec la divinitĂ© [...]. Une autre origine est signalĂ©e par CicĂ©ron et appuyĂ©e de son autoritĂ© religio serait tirĂ© soit de legere cueillir, ramasser » » lire avec adjonction dâun prĂ©fixe re [...] marquant lâintensitĂ© ou le retour en arriĂšre, soit de religere, recueillir, recollecter »58. 26Lâarticulation des deux Ă©tymologies illustre avec bonheur la conclusion de Freud qui insiste sur la spiritualisation du judaĂŻsme opĂ©rĂ©e par MoĂŻse. La destruction du Temple et la dĂ©matĂ©rialisation de Dieu concourent Ă purifier le culte et les pratiques de la religion juive. Si, en effet, les seuls biens restĂ©s aux juifs, aprĂšs la destruction du Temple, furent leurs documents Ă©crits et si lâĂ©tude des Livres SacrĂ©s fut la seule pratique qui empĂȘcha le peuple dispersĂ© de se dĂ©sagrĂ©ger, il faut bien admettre que lâarticulation des deux dĂ©finitions latines du mot religio convient au judaĂŻsme en tant que religion dite du Livre. 59 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 125. 60 Ibid. 61 Ibid. 27Elle devrait donc convenir Ă©galement au christianisme et Ă lâislam. Pour celui-ci, Freud avoue un savoir limitĂ©, lequel lui permet toutefois [dâaffirmer] que lâinstauration de la religion de Mahomet lui paraĂźt ĂȘtre une rĂ©pĂ©tition abrĂ©gĂ©e de la religion juive sur laquelle elle sâest modelĂ©e59 ». Cela signifie que lâislam rĂ©cupĂ©ra dans le judaĂŻsme la figure du grand et unique PĂšre primitif60 ». Mais quâAllah, en retour, se montra bien plus reconnaissant envers son peuple Ă©lu que ne lâavait Ă©tĂ© JahvĂ© envers le sien61 ». On a Ă©voquĂ© plus haut ce que dit Freud de la religion chrĂ©tienne fondĂ©e par Paul. Cela Ă©tant, il faut reconnaĂźtre que des trois religions du Livre, seul le judaĂŻsme mĂ©rite vraiment ce qualificatif. Lâislam et, jusquâĂ une date rĂ©cente, le catholicisme, eurent tendance Ă se rĂ©clamer dâune tradition accrochĂ©e au sens reçu et rĂ©tive Ă tout renouvellement apportĂ© par la relecture. La rĂ©citation du Coran ou des Ăvangiles ne permet pas en effet de revendiquer un brevet de lecture. Cette affirmation introduit dĂšs lors la question de la lecture. 28Quâest-ce que lire ? LâĂ©tymologie reste imprĂ©cise. On choisira la dĂ©finition partagĂ©e par la majoritĂ© des dictionnaires. Celle-ci renvoie lire Ă legere cueillir, colliger, lier, Ă©lire ». Au XVIe siĂšcle, le français lire prend le sens de discerner », puis de comprendre » le sens de certains signes. La comprĂ©hension est elle-mĂȘme le rĂ©sultat du dĂ©chiffrage des lettres, ces derniĂšres Ă©tant le rĂ©sultat produit par lâĂ©criture, laquelle signifie dâabord inciser, couper ». 62 Voir R. Sublon, LâĂthique ou la Question du sujet, Metz-Strasbourg, Ăditions du Portique, 2004, p. ... 29LâĂ©tymologie de ces deux verbes annonce avec justesse la structure caractĂ©ristique de la lettre. Une telle structure est dite moebienne en ce sens que la coupure longitudinale du ruban de Moebius rĂ©vĂšle la particularitĂ© dâarticuler lâidentique et le diffĂ©rent62. On dira donc que le dĂ©chiffrage se confronte Ă une structure de coupure oĂč Y un sâarticule Ă lâautre, câest-Ă -dire nâest pas sans lui, comme Freud le constate, lui aussi, Ă propos de V Unheimliche. Ces remarques permettent dâavancer que la lettre, en tant que condition de la lecture, est grosse dâun double effet un effet de sens en mĂȘme temps quâun effet de suspens. En dâautres termes, le tracement de la lettre garde une ouverture. Elle interdit toute clĂŽture sur une signification ultime, qui dirait le vrai sur le vrai. Elle mĂ©nage donc la possibilitĂ© de relire. 30Freud nâa pas pris la peine de dĂ©finir la religion. Il a pourtant perçu quâelle pouvait ĂȘtre une lecture - Ă preuve celle quâil fait du judaĂŻsme. On la poursuivra ici, Ă titre dâillustration, en remontant toutefois, par-delĂ MoĂŻse, au mythe dâAbraham, le pĂšre des croyants, commun aux trois religions du Livre. Ce mythe comporte, on le sait, la perspective dâun meurtre dont le fils est lâobjet, et le pĂšre, lâacteur. On peut interprĂ©ter lâĂ©pisode en imaginant quâAbraham prend ses prĂ©cautions pour Ă©viter le sort rĂ©servĂ© au pĂšre primordial. Cette anecdote nâa pas manquĂ© de susciter des commentaires variĂ©s qui, dâOrigĂšne Ă Kierkegaard, Ă©maillent la thĂ©ologie chrĂ©tienne. La plupart des exĂ©gĂštes rĂ©duisent cet Ă©pisode Ă un conflit psychologique, voire moral, et offrent des solutions tout aussi psychologiques ou morales qui consistent Ă cĂ©lĂ©brer le renoncement Ă la violence de la pulsion de mort ou Ă exalter la spiritualisation possible de la religion. 63 J. Lacan, Des Noms-du-PĂšre, Paris, Ăd. du Seuil, 2005, p. 87. 64 J. Lacan, Le SĂ©minaire. Lâidentification, inĂ©dit, sĂ©ance du 65 Ibid. 31Une telle lecture qui consiste Ă se fier Ă la purification des ĂȘtres et des idĂ©es ne semble pas, en thĂ©orie au moins, garantir la promesse faite par la divinitĂ© Ă Abraham dâune immense descendance. Une autre lecture de lâAkeda, câest-Ă -dire de la ligature dâIsaac, est possible. Elle en appelle Ă une nĂ©cessitĂ© logique susceptible dâassurer une issue au drame qui se noue. Cette lecture met en scĂšne la fonction du nom propre et le caractĂšre essentiel de ce dernier dâĂȘtre dĂ©pourvu de sens. Le sĂ©minaire consacrĂ© par Lacan Ă VIdentification 1961-1962, puis Y Introduction aux Noms-du-PĂšre 1963, lui permettent de situer la fonction du nom propre en tant quâil est une marque dĂ©jĂ ouverte Ă la lecture63 ». En choisissant Gardiner contre Russel, lequel ignore la fonction de la lettre dans le nom propre, Lacan souligne dâabord lâinfluence de John Stuart Mill 1806-1876 et du grammairien grec du IIe siĂšcle avant Dionysus Thrax, sur Gardiner. Pour le psychanalyste, Mill voit juste en ce quâil distingue le nom propre du nom commun en recourant au sens Si quelque chose est un nom propre, câest pour autant que ça nâest pas le sens de lâobjet quâil amĂšne avec lui, mais quelque chose qui est de lâordre dâune marque appliquĂ©e en quelque sorte sur lâobjet ». Lacan poursuit Je pose quâil ne peut y avoir de dĂ©finition du nom propre que dans la mesure oĂč nous apercevrons le rapport de lâĂ©mission nommante avec quelque chose qui, dans sa nature radicale, est de lâordre de la lettre64 ». Et pour finir il constate que, le figuratif effacĂ©, ce qui reste câest quelque chose [du] trait unaire en tant quâil fonctionne comme distinctif, quâil peut Ă lâoccasion jouer le rĂŽle de marque65 ». 32Cette sĂ©rie dâaffirmations permet dâidentifier lettre, trait unaire et marque ouverte Ă la lecture. La lettre attend la lecture et câest Ă ce niveau que se situe, pour finir, le Nom par excellence, le Shem, imprononçable en tant que tel, et qui sâouvre sur une bĂ©ance au lieu de lâAutre. Cela Ă©tant, la relecture du mythe dâAbraham permet de pointer, en dehors du pathos ou du moralisme des interprĂ©tations habituelles, la condition de lâalliance, de la promesse et de la fĂ©conditĂ© dite spirituelle dâune religion qui serait du Livre. 66 Saint-Arnaud, La grĂące du âtroisiĂšme jourâ », Revue des Sciences Religieuses, 75 2001, p. ... 33RĂ©sumons Ă grands traits le mythe qui met en scĂšne lâĂ©mission nommante » de la divinitĂ©, Ă©mission qui transporte quelque chose de la lettre. El Shaddai qui se nomme et promet lâalliance renomme Abram en ajoutant un hĂ© Ă son nom. Abram devient Abraham. Puis est promulguĂ©e la condition de lâalliance tout mĂąle sera circoncis. La circoncision sera dĂ©sormais signe de la coupure dâune alliance. De son cĂŽtĂ©, lâĂ©pouse du patriarche est renommĂ©e Ă son tour. Elle ne sâappellera plus SaraĂŻ, mais Sarah avec hĂ©, car elle aussi reçoit le trait de la marque, trait identique Ă celui quâa reçu Abraham. Lâalliance se rĂ©vĂšle ainsi au lieu du redoublement de la marque, lĂ oĂč sâĂ©crit dans le nom et sur le sexe la diffĂ©rence qui constitue sa condition mĂȘme de possibilitĂ©. Cette diffĂ©rence repose sur ce fait, rappelĂ© par Guy-Robert Saint-Arnaud, que la marque ne peut devenir marque dâune diffĂ©rence que de la seule qualitĂ© de nâĂȘtre pas lâautre marque. Ce nâest pas la non-identitĂ© dâun trait Ă son voisin qui fait sa diffĂ©rence, mais le seul fait quâil nĂ©cessite dâĂȘtre Ă la fois deux et un pour nâĂȘtre pas le trait dâĂ cĂŽtĂ©66 ». 67 Lacan, Des Noms-du-PĂšre, p. 70. 34Si on rĂ©duit lâidentitĂ© du sujet Ă son statut social, on ne retiendra dâAbraham et de Sarah que le sens attachĂ© Ă leur nom propre, ou bien la symbolique qui les fait pĂšre et mĂšre, patriarche et matriarche, mais encore frĂšre et sĆur, car issus lâun et lâautre du mĂȘme pĂšre. On pourra dĂšs lors gloser, thĂ©ologiser ou moraliser autour dâun inceste originaire comme on lâa fait pour la descendance dâAdam et Ăve. En revanche, si on veut signifier un sujet qui se fonde et se dĂ©termine dans un effet du signifiant67 », une lettre est nĂ©cessaire et suffisante en tant quâelle fonctionne comme trait marqueur. Cette lettre disqualifie lâentreprise qui cherche Ă rĂ©aliser le symbolique de lâimaginaire, caractĂ©ristique, selon Lacan, de la religion. OpposĂ©e Ă cette entreprise, le travail de la psychanalyse consiste Ă imaginer le rĂ©el du symbolique et Ă renoncer Ă lâillusion quâun tel travail pourrait aboutir Ă sa fin grĂące Ă la rĂ©cupĂ©ration du reste quâil produit. 68 R. Heyer, Sacrifier la promesse ? », Revue des Sciences Religieuses, 79 2005, p. 413. 35Le dĂ©tour par la re-nomination dâAbram et de SaraĂŻ justifie ainsi une autre lecture de la religion, celle-ci Ă©tant liĂ©e Ă la promesse. Partant de lâAkeda, RenĂ© Heyer, confrontĂ© Ă ce problĂšme, constate que la promesse bute sur la finitude oĂč Ă©choue toute promesse rĂ©alisĂ©e. Ainsi ce fils tard venu, Isaac, qui tombe comme tous les fils sous le coup de la mortalitĂ©. Que vaut en effet une promesse si ce que lâon en obtient se perd dĂšs que reçu ? Il faut donc quâĂ travers la promesse accordĂ©e se maintienne son ouverture de promesse68 ». 36Quelle meilleure façon peut-on alors imaginer pour garder cette ouverture que celle dâassurer la possibilitĂ© de la lecture que la lettre conditionne ? Son trait est Ă©crit dans le nom et dans la coupure de lâAlliance. Il est tracĂ© sur lâorgane de la gĂ©nĂ©ration. Celui-ci nâest plus tout. SaraĂŻ, de son cĂŽtĂ©, a perdu le yod de lâorigine. La lettre inscrite dans la chair et dans le nom invite tout lecteur possible Ă y lire la passe de lâaffiliation. Celle-ci consiste Ă assentir Ă lâimpossible saisie dâune origine pour relire la trace dâune coupure. 69 Freud, Totem et tabou, p. 185. 70 Goethes Werke, MĂŒnchen, Droemersche Verlag Anstalt, 1953,I, p. 746. Jean Malaplate le traduit D ... 71 Goethe, Faust I et II, p. 63. 37Lâorigine est barrĂ©e. Freud, pourtant, achĂšve Totem et tabou sur une citation au commencement Ă©tait lâaction69 ». Ă quoi cette citation renvoie-t-elle ? Au dilemme faustien, bien sĂ»r. ConfrontĂ© Ă la lecture du premier verset de lâĂvangile selon saint Jean, Goethe y voit un texte fondateur Im Anfang war das Wort !70 ». Mais quoi ? Le mot Ă©crit-il le destin ? Le nom emporte-t-il la chose ? Et si câĂ©tait le Sens qui primait sur le reste ? Serait-ce alors le Sens qui crĂ©e et qui fait vivre ? Et si câĂ©tait la Force ?... Il faut aller plus loin ; lâEsprit meut lâintuition qui permet de tracer Dans le commencement existait lâAction71 ». 72 Freud, Totem et tabou, p. 185. 38Freud a lu ce passage du poĂšte. Comme lui, il pose dans le commencement lâacte. Ce choix est la coupure qui achĂšve son parcours en lâouvrant sur lâĂ©thique. Celle-ci exige que le choix soit possible das Wort ou die Tat ? Car lâun nâest pas sans lâautre. Le choix impliquant une perte, Freud conclut Sans prĂ©tendre clore la discussion [..] par une dĂ©cision dĂ©finitive et absolue, nous pouvons risquer cette proposition âau commencement Ă©tait lâactionâ72 »... Dans le commencement le tracement de la lettre mĂ©nageait le possible. Haut de page Notes 1 S. Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », LâAvenir dâune illusion, Paris, PUF, 1971, p. 83. 2 Ibid. 3 Ibid., 4 S. Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es », 1948, p. 76. 5 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 86. 6 Ibid., p. 90. 7 Ibid., p. 92. 8 Ibid., p. 93. 9 Ibid., p. 94. 10 S. Freud, Totem et tabou, Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1965, p. 162. 11 Ibid.,p. 163. 12 Ibid. 13 Ibid., p. 164. 14 Ibid., p. 165. 15 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 49. 16 Ibid., p. 39. 17 Freud, Totem et tabou, p. 179. 18 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 44. 19 S. Freud , Malaise dans la civilisation », Revue française de psychanalyse, Paris, PUF, XXXIV, janvier 1970, p. 50. 20 Voir ibid., p. 77. 21 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 29. 22 Ibid.,p. 70. 23 Ibid., p. 77. 24 Ibid.,p. 78. 25 Freud, Malaise dans la civilisation », p. 79. 26 Ibid. 27 D. Bakan, Freud et la mystique juive,Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1977, 119. 28 M. Schur, La Mort dans la vie de Freud, Paris, Gallimard, 1975, p. 555. 29 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 119. 30 Ibid.,p. 47. 31 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 7. 32 Ibid. 33 Ibid., p. 94. 34 Ibid., p. 80. 35 Ibid., p. 144 s. 36 Ibid., p. 116. 37 Ibid.,p. 117. 38 Ibid. 39 Ibid.,p. 119. 40 Ibid., p. 120. 41 Schur, La Mort dans la vie de Freud, p. 554. 42 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 77. 43 Ibid.,p. 75. 44 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 61. 45 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 75. 46 Ibid.,p. 76. 47 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 149-150. 48 Ibid.,p. 151. 49 Ibid.,p. 152. 50 Ibid. 51 Ibid., p. 154. 52 Ibid., p. 154-155. 53 K. Stern, La TroisiĂšme RĂ©volution. Essai sur la psychanalyse et la religion, Paris, Ăd. du Seuil, 1969, p. 103 et 111. 54 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 76. Nous soulignons. 55 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 83. 56 Voir GOUX, Les Iconoclastes, Paris, Ăd. du Seuil, 1978. 57 S. Freud, Essai de psychanalyse appliquĂ©e, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es »,1933, p. 174. 58 A. Rey dir., Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, article Religion », p. 1758. 59 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 125. 60 Ibid. 61 Ibid. 62 Voir R. Sublon, LâĂthique ou la Question du sujet, Metz-Strasbourg, Ăditions du Portique, 2004, p. 79-80. 63 J. Lacan, Des Noms-du-PĂšre, Paris, Ăd. du Seuil, 2005, p. 87. 64 J. Lacan, Le SĂ©minaire. Lâidentification, inĂ©dit, sĂ©ance du 65 Ibid. 66 Saint-Arnaud, La grĂące du âtroisiĂšme jourâ », Revue des Sciences Religieuses, 75 2001, p. 351. 67 Lacan, Des Noms-du-PĂšre, p. 70. 68 R. Heyer, Sacrifier la promesse ? », Revue des Sciences Religieuses, 79 2005, p. 413. 69 Freud, Totem et tabou, p. 185. 70 Goethes Werke, MĂŒnchen, Droemersche Verlag Anstalt, 1953,I, p. 746. Jean Malaplate le traduit Dans le commencement Ă©tait le Verbe » Goethe, Faust I et II, trad. J. Malaplate, Paris, GF-Flammarion, 1984, p. 63. On pourra aussi se rĂ©fĂ©rer Ă la traduction de GĂ©rard de Nerval, dans Goethe, Faust, Paris, GF-Flammarion, 1964, p. 67 Au commencement Ă©tait le verbe ! ». 71 Goethe, Faust I et II, p. 63. 72 Freud, Totem et tabou, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Roland Sublon, Freud et la religion ou le choix du commencement », Revue des sciences religieuses, 82/1 2008, 65-79. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Roland Sublon, Freud et la religion ou le choix du commencement », Revue des sciences religieuses [En ligne], 82/1 2008, mis en ligne le 10 octobre 2012, consultĂ© le 28 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Roland Sublon FacultĂ© de thĂ©ologie catholique UniversitĂ© Marc Bloch StrasbourgHaut de page Droits d'auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
En1964, Jacques Lacan introduit dans la thĂ©orie de la psychanalyse la logique de lâaliĂ©nation ou choix forcĂ©. Cette opĂ©ration prĂ©side au fondement du sujet de lâinconscient qui, dâen passer par le champ de lâAutre, nâa dâĂȘtre que divisĂ© par le signifiant. Les effets de cette aliĂ©nation se retrouvent dans les structures de la nĂ©vrose et de la psychose, dont elle dĂ©termine
Retrouveztout ce que vous devez savoir sur le livre Ne devient pas fou qui veut de de Hervé Castanet : résumé, couverture, notes et critiques des membres Kifim.
NE DEVIENT PAS FOU QUI VEUT". Clinique psychanalytique des psychoses: Auteurs : CASTANET, Hervé : Type de document : texte imprimé Editeur : EDITIONS PLEINS FEUX,
Roxane elle, est follement Ă©prise de Christian de Neuvillette, nouvellement intĂ©grĂ© chez les Cadets. Elle lui demande de tout faire pour protĂ©ger lâĂ©lu de son cĆur, plongeant ainsi Cyrano dans un effroyable dilemme « Chanter, rĂȘver, rire, passer, ĂȘtre seul, ĂȘtre libre, avoir lâoeil qui regarde bien, la voix qui vibre. Mettre, quand il vous plait, son feutre de travers. Pour
Lundisoir Ă©tait diffusĂ© le dixiĂšme et dernier Ă©pisode de la saison 6 de Game of Thrones.Pour lâoccasion, 20 Minutes a invitĂ© sur son divan le psychanalyste Jacques Lacan. Oui, il est mort
Cest dans l'amour fou que Lacan dĂ©couvre la femme. Pas d'amour sans scĂ©nario fantasmatique, ce besoin d'ĂȘtre dĂ©sirĂ©, ces effets de miroir. 1938, c'est la rencontre entre
Nest pas fou qui veut, disait aussi Lacan. Clotilde Leguil signe un article sur le genre des femmes en tant que femme analysante. Sa vision de la fĂ©minitĂ© est stimulante, notamment lorsquâelle Ă©crit, pour rĂ©pondre par un jeu de mots Ă Judith Butler, « quÂŽune femme ne crĂ©e [pas] du trouble dans le genre, mais [quâ] elle crĂ©e du trou dans le genre » .Ce trou
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n est pas fou qui veut lacan